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rizhome
9 janvier 2009

Ce que le jour doit à la nuit Yasmina Khadra, édition Julliard, 2008.

photo_khadraNous vivions reclus sur notre lopin de terre, pareils à des spectres livrés sur eux-mêmes, dans le silence sidéral de ceux qui n’ont pas grand-chose à se dire…Le décor est planté. Le destin de la famille de Younes semble fatalement écrit au verso de l’Histoire. Mais alors qu’il est promis à une vie d’indigence dans les bidonvilles arabes de Rabat, son père le place sous l’aile de son oncle, qui lui a réussi et vie dans la partie européenne de la ville. Changement de décor pour Younes. Francisé – on l’appelle Jonas – il passe son adolescence dans une petite bourgade où ils se mêlent aux colons français. Et dans ce décors paisible ombragé par la menace de la guerre civile, Younes rencontre l’amour. Mais entre un Arabe et une Française, l’union, plus qu’improbable, est impossible...Le parcours torturé de cet enfant sans famille, à la croisée entre deux cultures – ses racines arabes et sa culture française d’adoption – est ressassé par une plume qui mêle poésie et dramaturgie avec la même force. Le récit oscille entre l’introspection du personnage principal et les échos d’un conflit larvé, celui de l’indépendance de l’Algérie, qui grandit à mesure que l’histoire se développe.

Mais le contexte de décolonisation n’élude pas toute la beauté méditerranéenne de l’Algérie, qui ressort avec grâce sous la plume imagée de l’auteur. Par son dernier roman, Yasmina Khadra effectue un retour à ses racines, en rentrant dans la peau d’un enfant en quête d’identité, et nous décrit avec une finesse rare l’une des période les plus dure de l’histoire de son pays.

 

Pour cette fresque mêlant Histoire et sentiments, l’auteur algérien francophone a remporté le prix France Télévision. Mais pour l’écrivain, son dernier roman, présenté à l’occasion de la rentrée littéraire 2008, méritait plus. Pas de prix plus prestigieux donc pour celui qui se considère « plus célèbre que l’Algérie ».

C’est sous son vrai nom, Mohammed Moulessehoul, que l’ancien militaire officiant dans l’armée algérienne a publié ses premières nouvelles. Arrivé en France en 2001, il publie L’écrivain sous le pseudonyme Yasmina Khadra. Mais c’est Morituri qui le révèle au grand public. Désormais internationalement reconnue, son œuvre est traduite en 33 langues. Ces dernières publications prenaient la forme d’une trilogie articulée autour du dialogue entre Orient et Occident. Avec Les Hirondelles de Kaboul en 2002 (adapté au cinéma), L'Attentat en 2005 et Les sirènes de Bagdad en 2006, il a tracé un pont entre ces deux civilisations, soucieux de briser les préjugés qui règnent d’un côté comme de l’autre.

Ce que le jour doit à la nuit ne sera ni Renaudot ni Goncourt, ce qui a le don de froisser l’écrivain. Pour le lecteur, l’important est ailleurs, ce nouveau roman aborde d’une manière nouvelle un sujet épineux - la décolonisation algérienne – un retour important sur l’histoire partagée de deux pays frères et ennemis.

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